Sur le seuil
Il
sait: novembre 1938, la nuit de cristal.
Il sait: janvier 1942, la conférence de Wannsee.
Il sait: juillet 1942, la rafle du Vel d'hiv.
Il sait: avril 1944, la ferme d'Izieu.
Il sait: Auschwitz 1944, 20000 morts par jour.
Il sait aussi Chalamov et les récits de la Kolyma.
Naître
ou ne pas naître, telle est la question
Que la toile dessine et pose par sa composition.
Franchir
le seuil,
Vivre, au-delà du deuil,
Il est même permis de marcher sur la route, le mirador ne menace
que l'intérieur,
Et ce n'est qu'au-delà des barbelés que l'on risque le
feu exterminateur.
Dix
milliards d'humains à la fin du siècle,
Paraître ou n'être rien, l'absurde tourne en boucle.
Plus d'éthique, l'homme sans autrui a gagné.
Pourtant, le même monde a porté la pensée de Lévinas,
La folie froide d'Eichmann et celle, imprécatoire, de Goebbels.
Et
Mordekhaï Anielwicz, à Varsovie, 1943, en avril,
Chef de OCJ, a choisi sa façon de mourir.
Jean
Rafenomanjato
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