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À contretemps,
(Ces mythes sémites)
Au droit fil des couleurs froides
De ta palette onirique la lumière
diagonale réverbère les soleils verts
Qui guident la démarche d'émeraude
Du rêve désespéré de Léonard Cohen,
Denise, ou Suzanne, who died without a whisper
Sous le regard grillagé des maîtres de la haine,
Nazis, ou Talibans, étudiants ou docteurs pervers
Qui prêchent, dans les Medersas sionistes
Ou les diaboliques synagogues islamistes,
D'Alamuth à Massada les fous inexorables de Dieu
Ont toujours su mourir sans jamais cesser le feu.
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A contre - temps A contre - espace
38
x 54 cm
Denise Rafenomanjato - 1992
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Adam et Eve
Un tableau qui juxtapose.
La pomme de la science est là ,
Le serpent tentateur n'est pas là.
Un décor sans dialogue.
Le jardin d'Eden, déserté par le couple
Qui a pris ses appartements terrestres
Porte l'arbre de la science décharné et rabougri.
Il ne fait pas d'ombre aux deux pommes suries
Pourrissantes sur le gazon si prosaïquement vert
Dans un ciel d'un bleu uniforme et clair
Dans l'appartement de l'existence
Comme dans la salle d'un musée
Chassés du paradis terrestre, désabusés
Adam et Eve juxtaposent leur pose.
Elle, dans le paraître, expose
Sa présence picturale
Et Eve trouve vie sur toile.
Nue, offerte et offrant la pomme.
Mais l'indifférence d'Adam fait douter
Qu'il puisse encore vouloir et désirer
Somme toute on lui a déjà ait le coup:
Et c'est pas une Eve figée sur la toile
Qui va le lui refaire, même sculpturale,
D'autant que le serpent volage a mis les bouts.
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Adam
et Eve
55
x 38 cm
Denise Rafenomanjato - 1995
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Adios
Brève rencontre au fil du vide
Au-delà, au levant,
comme un ailleurs infini,
Étrange prémonition de ces lieux de passage.
Denise a-t-elle vu cette lune blanche, ce soleil gris
Et toute l'indifférence de ce morne paysage,
Les avait-elle prévus sur son chemin vers l'infini ?
Lignes
de fuite d'une étrange géométrie descriptive
Lieux de croisement vides, mis en perspective.
Le loup blanc de l'Aubrac tout aussi incongru
Que la gravure de mode décalée sous l'astre suspendu.
Brève rencontre improbable.
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Adios
Brève
rencontre au fil du vide
76 x 61 cm
Denise Rafenomanjato - 1985
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Après
l'orage
Beauté parfaite, après l'orage,
quand l'air a la pureté cristaline
de l'atmosphère ionisée.
Quand la lumière est saturée de blancs
Quand le plateau humide est irisé,
Le filtre violet posé par le pinceau
Ajoute, à la perfection du réel,
Le choix magique et mystérieux de l'artiste.
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Aprés
l'orage
53
x 40 cm
Denise Rafenomanjato - 1981
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A
quoi ils jouent ?
Sur l'autre
versant du monde,
Au verso de nos écrans plasma,
De Babylone à Tréblinka, du Rwanda à Chatilla,
L'éternelle actualité de l'immonde.
Derrière
la géométrie barbelée,
Loin de la douceur angevine et du petit Liré,
L'infinie patience des camps
Perpétue le massacre des innocents.
L'enfance
volée, à l'école de la haine,
Dans une aphasie hiératique et obscène,
Exprime la force infinie du malheur
Et la folie gravée dans les regards de la peur.
Puis l'explosion,
ici, de la désespérance
Piétine nos égoïsmes et nos indifférences,
Et la honte du Père qui sait le cataclysme
De la fascinante mutation de l'enfant en ange du terrorisme.
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A quoi
ils jouent ?
54
x44 cm
Denise Rafenomanjato - 1991
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A quoi
on joue ?
Dans les
lieux arides de la distinction sociale, tout au sommet
les upperclassieux huppés jouent à d'étranges bilboquets.
En ce temps
là, d'ailleurs, les duels n'ont plus d'enjeux qu'eux-mêmes.
Il n'y plus rien à posséder:
. les démocraties
n'ont plus de peuples,
. les dictatures plus d'untermensch,
. les Dieux plus de totems,
. les maîtres plus de soubrettes,
. les intellectuels plus de disciples.
Quelques
larves éternelles, interconnectées, dans les abris des ministères,
ont survécu à l'assaut de destruction massive des blattes manticulaires.
N'ayant
rien appris, leurs incarnations virtuelles, au coeur des Alpes désolées,
continuent les jeux du pouvoir, et le Grand Post-Pan parie encore sur les marchés.
Trois
clans s'affrontent ainsi dans le néant virtuel de ces temps visqueux
les davostours, les loups de lix, et les manténarques.
Pour
RIEN.
TU
LE SAVAIS
A quoi
on joue ?
57
x 78 cm
Denise Rafenomanjato - 1991
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Arcy-sur-Cure
(yonne)
Tant d'années, tant de temps,
Ce temps qui fait que j'ai grandi.
L'âge d'or des années soixante
De Brel aux Stones,
via Denise Glaeser et salut les copains.
En même temps, les logarithmes,
la transformation par polaire réciproque,
le théorème de Bezout et les Chaps, après Ivanohé,
le temps des copains et Thiérry la fronde.
Du flamenco à St-Moret,
un légionnaire saoul,
une guerre d'Algérie mal digérée.
Et déjà les réclames,
décodables pour qui voulait voir,
de France observateur à Planète,
à l'UEC et à soixante huit.
Avant la télé couleur, avant Gotlib,
mais bien après Boris Vian,
du temps des prépas, de l'écritoire,
des comités vietnam, d'Occident,
et d'Antonin Artaud
Arcy-sur-Cure:
Après tous ces tapages,
après tous les snobismes intellectuels.
J'y revenais,
comme un point fixe, avec toi au centre, et tu m'écoutais en souriant,
et je savais que, même si c'était parfois un peu ridicule,
(pour toi, tiers-monde, colonialisme, exploitation, guevarisme,
c'était autre chose que la naturelle logorrhée adolescente...)
tu comprenais que je commençais à grandir
et à comprendre un peu le monde.
Arcy-sur-Cure:
Merci d'avoir
été là ...
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Arcy sur Cure
55
x46 cm
Denise Rfenomanjato - 1978
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Maison de l'artiste à Arcy-sur-Cure
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Atelier
de Lauze
A la lumière
froide du soleil d'hiver,
Les hommes qui ne peuvent plus travailler la terre gelée,
Façonnent de tristes volatiles en lauze noire.
La casquette vissée sur leur front buté.
Ils ne font même pas semblant d'être de zélés artisans.
Le fils qu'est monté a la ville, chez Michelin,
Ne fait pas, sur la chaine, une oeuvre plus absurde.
Mais, au prix du tourisme qui se dit vert,
Il vaut la peine de passer les soirs d'hiver
A découper des gallinacés d'un schiste patriotique.
Pourtant peut-être faut-il y croire.
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Ateliers
de lauzes (Lozère)
33
x 46 cm
Denise Rafenomanjato - 1977
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Au bord de l'eau
Dans la lumière d'un ciel d'été, le soleil au zénith
fait resplendir les branches aux feuilles lumineuses.
Dans la rivière qui coule avec une lenteur estivale,
les réverbérations fixent les verticales essentielles.
Au premier plan les arbres moins ensoleillés présentent
des branches plus sombres qui se détachent
sur les branches des arbres de l'autre berge.
La ferme au loin sur la colline marque l'étendue de la chaleur zénithale.
Et l'herbe, en premier plan, se dresse drue, vivace et souple.
C'est dans cette simplicité que la poésie calme
d'une promenade au bord de l'eau donne
à notre vie une plénitude qui permet de supporter
tous les petits et gros tracas de la société.
Le désespoir n'étant pas toujours nécessaire à la beauté,
écoutons simplement cette chanson bien douce
qui dit combien la nature peut être source de calme et de sérénité.
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Au bord
de l'eau
46
x 33 cm
Denise Rafenomanjato - 1981
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Au chapeau
de la mort trône une marguerite
A l'origine,
Les serpents,
Femme et Adam,
Ont frotté leurs écailles pour une copulation primitive
Et prométhéenne.
Sous le regard livide du voyeur satanique.
Depuis le même jeu
De la tentation
Et de la transgression
Se répète au fil des mille étreintes volées
À l'arbre de science et de vie, si déjanté
Et tellement voluptueux.
Et toujours les fruits
Éternellement défendus
De l'ovule et du spermatozoïde flétrissent
Et se courbent et vieillissent.
Sous le regard livide d'un Dieu sarcastique.
Et bientôt
la Mort-à-Vapeur et la Mort-Fleur
Viendront tancer l'humanité et clore
La récréation multiplicative et immorale
Ouverte avec Eve et le serpent de la fable .
Car
Dieu est las,
Et les
danses macabres ricanantes des deux duettistes létaux
Lui sont plus agréables que les jeux imbéciles d'une espèce
en voie d'auto-destruction.
Ainsi,
c'est au chapeau de la Mort que Dieu effeuille notre marguerite.
Au chapeau
de la mort trône une marguerite
46
x 38 cm
Denise Rafenomanjato - 1979 |
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Au pied de mon arbre
Une petite cigarette comme dans le temps d'avant.
Soleil rouge et rouges les branches
Comme le corps de la baigneuse pensive
Dans le vert des cieux et des feuilles.
Jaunes les ombres brillantes
En contrepoint du soleil sombre
mais plus d'eau semble-t-il sur cette terre incandescente
sans doute est-elle trop belle de feu et de passion brûlante
Qu'attend-elle cependant?
L'oiseau de feu niche-t-il au sommet des feuillages
A moins qu'un phénix reptile ne se love sur les hautes branches
Comme pour rejouer l'éternelle farce héroïque de Prométhée.
Mais sur cette terre brûlante, le choix est semble t il
Celui de Léda et le cygne lubrique n'a pas son mot à dire:
Dans les incandescences sublimées et virides
Les dieux sont définitivement volatils .
Et l'être reste seule dans un univers éternellement muet.
Or, le livre est ouvert et l'interprétation possible.
Sans doute 0mar Khayyâm va-t-il la rejoindre.
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Au pied
de mon arbre
40
x 45 cm
Denise Rafenomanjato - 1992
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Avril
en Margeride
Le temps
des renaissances,
Quelque part sous les giboulées.
Marcher
comme une insatiable
Découverte de la beauté du granit
Et des corolles ouvertes sur des prés
De perce-neiges légèrement givrés
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Avril
en Margeride
47
x 47 cm
Denise Rafenomanjato - 1985
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Bouquet
pour une femme
L'éternel
génocide, remake du massacre des innocents,
Sculpte toujours la même douleur sur le même visage des mères
Dont les enfants ont joué aux jeux vidéo du vingt-heures.
Car elles
ont compris que "shoot again"
Ne donne pas de vie supplémentaire
Et qu'il est définitivement trop tard pour que
Leurs enfants soient autre chose que
Les pions de la modernité globale
Et du libéralisme people.
Car elles
ont compris aussi, qu'à l'apéritif
Des impétrants maîtres du monde futur,
Les fleurs barbelées apportent ce piment
Que seuls les poëtes très riches
Prétendent trouver sur les chemins
Incertains et magnifiques de l'aventure.
En pratique,
De la place du très de mayo
Aux motels de Davos,
Il apert que le multiplicateur de souffrance
Atteint un ordre d'efficience
Que l'imagination, même fertile,
De John Maynard Keynes
Ne pouvait pas prévoir...
Et la note bleue porte une instance d'apocalypse.
À court terme, peut-être serons-nous tous morts.
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Bouquet
pour une femme
41
x 33 cm
Denise Rafenomanjato - 1979
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Brouillard
sur garabit
Dans une
déférente référence à Van Gogh,
La lumière devient matière dans un dialogue
Entre Euclide et Riemann, grâce au brouillard fractal.
Le soleil est tombé sur la toile, et les ondes spirales,
Tangentes, orthogonales, confondent le viaduc et son reflet
Dans leurs cercles de lumière qui éclairent la vallée.
Les arbres,
devant, et leurs branches décharnées
Parlent d'une nature plus simple et désordonnée.
Mais la composition projective de la toile prend un instantané
Du réel, d'où émerge une étrange et mystérieuse
irréalité.
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Brouillard
sur Garabit
60
x 43 cm
Denise Rafenomanjato - 1988
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Bye
Bye Jack
A l'horizon de tous les lointains, franchir
Le seuil cyclique des sombres ouragans
Aux voiles démâtées des Brigantines
Accrocher le fanal de nos âmes en devenir
Sous les
hurlements des blizzards verglaçants
Harnacher le traîneau déglingué de nos rêves
En meute dépecer quelques rennes
Et regarder souffler les orques grimaçants
Aux enfants
psalmodier les comptines
Des sorciers de la lande d'Islande
À elle enfin raconter Samarkand
Et le pieux récit des moines à mâtines.
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Jack
London
86
x 60 cm
Denise Rafenomanjato - 1986
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David Bowie : Cancer…
La mort vient simplement marquer sa proximité,
Et contre ton cœur pèse le poids de sa fatalité.
Shakespearienne elle joue de l'Etre et du Néant .
Les serpents des abysses jettent des ponts entre les deux infinis.
Au cœur de ton ventre leurs frères portent l'infamie
Qui métastase les épouvantables crabes multipliants:
Du Néant ils dessinent le poids de l'absence,
Et de l'Etre ils savent dire l'éternelle souffrance.
La force, la beauté, malgré les lunettes noires,
Ne peuvent arrêter la marche inéluctable de l'histoire.
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Une fleur
mortelle
Bowie
Denise Rafenomanjato - 1986
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Destinée
froide
Gris, sous
le regard.
Gris, sous les yeux noirs.
Ombre sans consistance,
Ni projection, ni relief.
Sous ce regard bifide,
rouge et noir.
Avec les squelettes d'arbres désolés
marquant la verticalité oubliée
Dans ce jeu,
sans pespective ni interférences.
l'homme reste piégé par l'humiliation
De sa position:
Le maître du monde n'est plus ce qu'il était.
Et le sarcasme est là.
D'aucuns eussent pu l'appeler destin
Ou vertige.
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Sans
nom
46
x 38 cm
Denise Rafenomanjato - 2001
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ELP
Emerson Lake and Palmer,
Tarkus in concert.
Je me souviens
de Ray Charles aussi
I got a woman, le volume à fond
Ou screaming jay hawkins
I put a spell on you.
Toujours la musique pour accompagner ta vie
Jusqu'à Patty Smith sur la Margeride
Et les cris de liberté.
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Concert
68
x 52 cm
Denise Rafenomanjato - 1977
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En
miroir:
Le vert de l'amante
Du Dieu fou
Copule le bleu
Des monts d'aubrac
Et leur réverberation
Dessine ce lac invisible
Que les branches noueuses
Révérent.
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Lac en
Aubrac
59
x 47 cm
Denise Rafenomanjato - 1997
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Epavée:
quel étrange qualificatif déglingué.
échoué à la dérive.
avec la marée noire
sur la peau desquamée
de la fille allongée
Et là-haut, les nuées bleues blanches
s'élèvent comme un tsunami suspendu
avant de déchiqueter la fille au corps nu.
à l'horizon quelques vagues blanches
jouent a parcourir les géodésiques relativistes
qui ont déposé au bord du trou noir
la fille reptilienne dont les écailles pustulent
sa longiligne Offrande en bleu, blanc, noir.
Au dernier matin de tous les mondes
l'horizon extrême du temps dépassé
joue éternel la vomissure de la noyée
désarticulée par l'instant immonde :
Où as-tu vu cela ?
Après quelles dérives, quels naufrages,
au sortir de quels horribles bouges,
quelle destinée latente a transporté
la créature elfique bicolore dans la pureté
de ce paysage improbable.
La chevelure prolonge le corps parfait de la déesse nue,
offerte et vénéneuse, comme une dame tchernobylienne
et les mèches bleues blanches
marquent l'étrange féminité
du cadavre, là posé.
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Epavée
33
x 46 cm
Denise Rafenomanjato - 1979
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L'exil
Les lignes de fuite paraissent normer
le pas des formes rouges condamnées
qui cheminent vers la porte de l'exil hors du temps.
Mais peut être ne s'agit-il pas de perspective
Et plutôt d'une réalité inexorablement diminutive
brutalement appliquée par un champ contractant
particulièrement puissant induit par le cercle rouge.
au-delà, derrière la porte quantique improbable
règne l'incertitude qui rend précaire car indécidable
l'existence même de la procession des formes rouges.
Le trou noir, crée des asymptotes hyperboliques
qui induisent des champs hypergravitiques
tels que les âmes elles-mêmes sont piégées
dans l'effondrement de cet univers reconcentré
qui après le l'expansion longuement adiabatique
rejoint la densité infinie de l'origine thermique.
Et l'oiseau rouge semble être le kapo de cette file
rouge et désespérée en marche vers l'éternel exil .
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Exil
60
x 24 cm
Denise Rafenomanjato - 1993
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